Variole simienne ‎‎(orthopoxvirose ‎simienne)‎

18 avril 2023

Prinicpaux faits

  • La variole simienne est une maladie virale causée par l’orthopoxvirus simien, qui appartient au genre Orthopoxvirus de la famille des Poxviridés. On distingue deux clades du virus : le clade I et le clade II.
  • La variole simienne se manifeste généralement par une éruption cutanée ou des lésions des muqueuses qui peuvent durer entre deux et quatre semaines, accompagnées de fièvre, de céphalées, de myalgies (douleurs musculaires), de douleurs dorsales, d’une asthénie marquée (manque d’énergie) ainsi que d’un gonflement des ganglions lymphatiques.
  • Le virus de la variole simienne se transmet à l’être humain par un contact étroit avec une personne ou un animal infecté, ou par des matériaux contaminés.
  • La confirmation du virus de la variole simienne en laboratoire passe par une analyse des lésions cutanées au moyen de la méthode PCR (amplification en chaîne par polymérase).
  • Le traitement de la variole simienne consiste en des soins de soutien. Les vaccins et traitements mis au point pour la variole et autorisés par certains pays peuvent être utilisés dans certaines circonstances pour le traitement de la maladie.
  • En 2022-2023, le clade IIb du virus a entraîné une flambée mondiale de variole simienne.
  • Il est possible de prévenir la contamination par le virus de la variole simienne en évitant le contact physique avec une personne atteinte de la maladie. La vaccination peut contribuer à prévenir les infections pour les personnes à risque.

 

Vue d’ensemble

La variole simienne est une maladie infectieuse provoquée par l’orthopoxvirus simien. Elle peut déclencher une éruption cutanée douloureuse, un gonflement des ganglions lymphatiques et de la fièvre. La plupart des personnes atteintes se rétablissent complètement, mais certaines peuvent contracter des formes graves de la maladie.

N’importe qui peut attraper la variole simienne. Le virus se propage par :

  • les personnes (contact physique, baiser, relations sexuelles),
  • les animaux (chasse, dépouillage, cuisson),
  • les matériaux (aiguilles, textiles ou draps contaminés),
  • les femmes enceintes, qui peuvent transmettre le virus à leur enfant à naître.

Si vous avez été contaminé par le virus de la variole simienne :

  • prévenez toute personne avec laquelle vous avez été en contact récemment,
  • restez chez vous jusqu’à ce que toutes les croûtes soient tombées et qu’une nouvelle couche de peau se soit formée,
  • couvrez les lésions et portez un masque bien ajusté lorsque vous êtes en présence d’autres personnes,
  • évitez les contacts physiques.

La maladie de la variole simienne est causée par l’orthopoxvirus simien, un virus à ADN double brin qui appartient au genre Orthopoxvirus de la famille des Poxviridés, qui inclut la variole, la vaccine et d’autres virus. On distingue deux clades génétiques du virus de la variole simienne : le clade I et le clade II.

Le virus de la variole simienne a été découvert en 1958 au Danemark chez des singes gardés en captivité à des fins de recherche, et la forme humaine de la maladie a été identifiée pour la première fois en 1970 chez un garçon de neuf mois en République démocratique du Congo. Le virus de la variole simienne peut se propager d’une personne à une autre, ou plus rarement d’un animal à une personne. Avec l’éradication de la variole en 1980 et l’arrêt de la vaccination antivariolique à l’échelle mondiale, l’orthopoxvirus simien a émergé en Afrique centrale, en Afrique de l’Est et en Afrique de l’Ouest. Une flambée mondiale s’est déclenchée en 2022-2023. On ne connaît pas le réservoir naturel du virus, mais il est possible qu’il s’agisse de petits mammifères, comme des écureuils et des singes.

Transmission

La transmission interhumaine de l’orthopoxvirus simien peut se produire par un contact direct avec des lésions infectieuses cutanées ou autres, par exemple des lésions de la bouche ou des organes génitaux. Cela inclut un contact :

  • face-à-face (parler, respirer),
  • peau à peau (toucher, rapports sexuels vaginaux/anaux),
  • bouche-à-bouche (embrasser),
  • bouche à peau (rapports sexuels bucco-génitaux ou en embrassant la peau),
  • par gouttelettes respiratoires ou aérosols à faible portée nécessitant un contact proche prolongé.

Le virus pénètre ensuite dans l’organisme par la peau lésée, les muqueuses (orales, pharyngées, oculaires, génitales ou anorectales) ou les voies respiratoires. Le virus de la variole simienne peut également être transmis à d’autres membres du ménage et aux partenaires sexuels. Les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels sont plus à risque que les autres.

La transmission du virus de la variole simienne d’un animal contaminé à un humain peut se faire à l’occasion de morsures ou de griffures ou lors d’activités telles que la chasse, le dépouillage, le piégeage, la cuisson, la manipulation des carcasses ou la consommation d’animaux. L’ampleur de la circulation virale au sein des populations animales n’est pas connue avec précision et d’autres études sont en cours.

Le virus peut être transmis à une personne par le biais d’objets contaminés, comme des vêtements ou des draps, par des blessures par objets tranchants dans le cadre de soins de santé ou dans des établissements communautaires, comme des salons de tatouage.

Signes et symptômes

Le virus de la variole simienne entraîne des signes et des symptômes qui apparaissent habituellement dans la semaine qui suit la contamination, mais qui peuvent survenir entre un et 21 jours après l’exposition au virus. Les symptômes durent généralement entre deux et quatre semaines, mais ils peuvent mettre plus de temps à disparaître chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli.

Les symptômes habituels de la variole simienne sont :

  • une éruption cutanée,
  • de la fièvre,
  • des maux de gorge,
  • des céphalées,
  • des douleurs musculaires,
  • des douleurs dorsales,
  • un manque d’énergie,
  • un gonflement des ganglions lymphatiques.

Chez certaines personnes, l’éruption cutanée est la première manifestation de la maladie, mais d’autres symptômes peuvent apparaître en premier dans certains cas.

L’éruption cutanée commence par une lésion plate qui se transforme ensuite en vésicule pleine de liquide et qui peut être source de démangeaisons ou de douleurs. En guérissant, la lésion forme une croûte qui se dessèche et finit par tomber.

Certaines personnes peuvent ne présenter qu’une seule lésion ou un nombre de lésions réduit, tandis que d’autres en ont des centaines, voire plus. Elles peuvent apparaître n’importe où sur le corps, par exemple :

  • sur la paume des mains et la plante des pieds,
  • sur le visage, la bouche ou la gorge,
  • à l’aine et sur les organes génitaux,
  • sur l’anus.

Certaines personnes présentent un gonflement douloureux du rectum ou des douleurs et des difficultés à uriner.

Les personnes atteintes de la variole simienne sont contagieuses et peuvent transmettre le virus tant que leurs lésions ne sont pas guéries et qu’une nouvelle couche de peau ne s’est pas formée.

Les enfants, les personnes enceintes et les personnes avec une déficience immunitaire sont davantage à risque de complications causées par la variole simienne.

Le plus souvent, la variole simienne se manifeste en premier par de la fièvre, des douleurs musculaires et des maux de gorge. L’éruption cutanée apparaît d’abord sur le visage puis sur tout le corps, jusqu’à la paume des mains et la plante des pieds, et passe par plusieurs stades sur une période allant de deux à quatre semaines : macules, papules, vésicules, pustules. Les lésions se remplissent tout d’abord de liquide au centre, et on observe ensuite la formation d’une croûte qui finit par tomber. L’adénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques) est une autre manifestation classique de la variole simienne. Certaines personnes peuvent être infectées, mais ne présenter aucun symptôme.

Dans le contexte de la flambée mondiale de variole simienne qui a émergé en 2022 (due principalement au virus de clade IIb), les premiers signes de la maladie ne sont pas les mêmes d’une personne à l’autre. Dans à peine plus de la moitié des cas, une éruption cutanée peut apparaître avant ou en même temps que d’autres symptômes et ne s’étend pas toujours à tout le corps. La première lésion peut se manifester au niveau de l’aine, de l’anus ou autour de la bouche.

Certaines personnes peuvent développer une forme grave de variole simienne. La maladie peut notamment entraîner des infections bactériennes cutanées avec formation d’abcès et de lésions cutanées graves. D’autres complications peuvent survenir : une pneumonie ou une infection de la cornée avec une perte de vision, des douleurs ou des difficultés lors de la déglutition, des vomissements ou des diarrhées avec pour conséquence une déshydratation ou une malnutrition sévères, une septicémie (infection du sang avec réaction inflammatoire de grande ampleur dans l’organisme), une inflammation du cerveau (encéphalite), du cœur (myocardite), du rectum (proctite), des organes génitaux (balanite) ou des voies urinaires (urétrite), ou le décès de la personne atteinte. Les personnes immunodéprimées à cause d’un traitement ou d’une maladie sont davantage à risque de contracter une forme grave de la variole simienne et d’en mourir. Les personnes vivant avec un virus de l’immunodéficience humaine (VIH) mal contrôlé ou mal traité contractent souvent une forme plus grave de la maladie.

Diagnostic

Le dépistage de la variole simienne peut s’avérer difficile, car d’autres infections et maladies peuvent paraître similaires. Le diagnostic différentiel doit se faire par rapport à la varicelle, la rougeole, les infections bactériennes cutanées, la gale, l’herpès, la syphilis ou d’autres infections sexuellement transmissibles et des allergies médicamenteuses. Une personne atteinte de la variole simienne peut avoir une autre infection sexuellement transmissible, comme l’herpès. De même, un enfant potentiellement contaminé par le virus de la variole simienne peut aussi avoir contracté la varicelle. Aussi, il est crucial de réaliser des analyses pour dépister les cas de variole simienne et traiter les personnes contaminées le plus rapidement possible pour empêcher la propagation du virus.

La détection de l’ADN du virus par amplification en chaîne par polymérase (PCR) est le test de laboratoire de choix pour la variole simienne. À des fins diagnostiques, il est préférable de prélever les échantillons directement sur l’éruption cutanée – peau, liquide ou croûte – par un écouvillonnage vigoureux. En l’absence de lésions cutanées, une analyse peut être effectuée sur un échantillon oropharyngé, anal ou rectal prélevé par écouvillonnage. Les tests sanguins ne sont pas recommandés. Les méthodes de détection des anticorps, dans la mesure où elles ne permettent pas de faire la distinction entre plusieurs orthopoxvirus, ne sont pas forcément utiles.

On trouvera plus d’informations sur la confirmation en laboratoire de la variole simienne ici.

Traitement et vaccin

L’objectif du traitement de la variole simienne est de soigner l’éruption cutanée, d’apaiser la douleur et d’éviter les complications. Il est important de fournir à la personne atteinte des soins de soutien précoces pour aider à gérer les symptômes et éviter d’autres problèmes.

Le vaccin contre la variole simienne peut contribuer à prévenir l’infection. Le vaccin doit être administré dans les quatre jours qui suivent un contact avec une personne ayant contracté la maladie (ou jusqu’à 14 jours en cas d’absence de symptôme).

Il est recommandé aux personnes à risque de se faire vacciner pour éviter une infection par le virus de la variole simienne, notamment lors d’une flambée. Il s’agit en l’occurrence :

  • des agents de santé exposés,
  • des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes,
  • des personnes ayant des partenaires sexuels multiples,
  • des travailleurs du sexe.

Les personnes atteintes de la variole simienne doivent être isolées des autres pour être traitées.

Plusieurs antiviraux, comme le técovirimat, mis au point à l’origine pour le traitement de la variole, ont été utilisés pour le traitement de la variole simienne, et font l’objet d’études plus approfondies. Des informations supplémentaires sont disponibles en ce qui concerne la vaccination (en anglais) contre la variole simienne et la prise en charge des cas (en anglais).

Autoprise en charge et prévention

La plupart des personnes guérissent en deux à quatre semaines. On trouvera ci-dessous des recommandations pour atténuer les symptômes et éviter d’infecter d’autres personnes.

À faire :

  • restez chez vous, si possible dans votre chambre,
  • lavez-vous souvent les mains avec du savon et de l’eau ou un désinfectant pour les mains, surtout avant de toucher les lésions et après,
  • portez un masque et couvrez vos lésions lorsque vous êtes à proximité d’autres personnes jusqu’à la guérison de l’éruption cutanée,
  • veillez à ce que votre peau reste sèche et à ne pas la couvrir (sauf si une autre personne se trouve dans la même pièce),
  • évitez de toucher des objets qui se trouvent dans des espaces partagés et désinfectez ces espaces régulièrement,
  • utilisez des bains de bouche à l’eau salée pour le traitement des lésions situées dans la bouche,
  • faites des bains de siège ou des bains tièdes avec du bicarbonate de soude ou du sel d’Epsom pour le traitement des lésions sur le corps,
  • prenez des médicaments en vente libre pour la douleur, comme du paracétamol (acétaminophène) ou de l’ibuprofène.

À ne pas faire :

  • crever ou gratter les cloques, ce qui peut retarder la guérison, étendre l’éruption cutanée à d’autres zones du corps et entraîner une infection des lésions,
  • raser les zones des lésions tant que les croûtes ne sont pas tombées et qu’une nouvelle couche de peau ne pas s’est formée (cela peut propager l’éruption cutanée à d’autres parties du corps).

Pour éviter de propager le virus de la variole simienne, les personnes atteintes doivent s’isoler chez elles, ou à l’hôpital si nécessaire, pendant toute la durée de la maladie (du début des symptômes à la guérison des lésions et à la chute des croûtes). Il peut être utile de couvrir les lésions et de porter un masque médical en présence d’autres personnes pour prévenir la propagation du virus. L’utilisation de préservatifs lors d’un rapport sexuel contribuera à réduire le risque d’infection par le virus de la variole simienne, mais n’empêchera pas la transmission peau à peau ou bouche à peau.

Flambées épidémiques

Après 1970, des cas de variole simienne ont émergé de manière sporadique en Afrique de l’Est et en Afrique centrale (clade I), ainsi qu’en Afrique de l’Ouest (clade II). En 2003, une flambée s’est déclenchée aux États-Unis, en lien avec des animaux sauvages importés (clade II). Depuis 2005, on signale chaque année des milliers de cas présumés en République démocratique du Congo. En 2017, la variole simienne est réapparue au Nigeria et continue de se propager parmi les habitants du pays et de contaminer des voyageurs vers d’autres destinations. Les données sur les cas signalés jusqu’en 2021 sont disponibles ici.

En mai 2022, une flambée de variole simienne s’est déclenchée soudainement et s’est rapidement propagée en Europe, dans les Amériques, ainsi que dans les six Régions de l’OMS : on a recensé dans 110 pays quelque 87 000 cas et 112 décès. La flambée mondiale a touché en premier lieu (mais pas uniquement) les personnes homosexuelles et bisexuelles, notamment les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes, et s’est propagée entre les individus par le biais de réseaux sexuels. On trouvera ici des informations supplémentaires sur cette flambée à l’échelle mondiale, et des informations plus précises à cette adresse (en anglais).

En 2022, des flambées de variole simienne dues au clade I se sont produites dans des camps de réfugiés en République du Soudan. On n’a trouvé aucune origine zoonotique.

Action de l’OMS

La flambée mondiale de variole simienne est considérée comme une urgence de santé publique de portée internationale depuis le 23 juillet 2022. L’OMS a publié un plan stratégique de préparation et de riposte (en anglais) à la variole simienne, ainsi qu’un ensemble de directives. La surveillance, les diagnostics, la communication sur les risques et la participation communautaire sont autant d’éléments essentiels pour stopper la flambée et éliminer la transmission entre humains de la variole simienne dans tous les contextes.

On trouvera des informations supplémentaires ici (en anglais). Les questions-réponses sont disponibles à cette adresse à cette adresse et les recommandations de santé publique sont consultables en cliquant sur ce lien (en anglais).